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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


Mulhouse, l’ami de tous les oppresseurs des provinces perdues[1]. Rochefort, son obligé, qu’il a aidé de sa bourse à s’échapper de la Nouvelle-Calédonie[2], le traite couramment de « Prussien » : « Qu’on renvoie le sénateur Kestner au Herrenhaus, et le député Reinach au Reichstag[3] ».

Son silence (la trêve consentie à Billot) est l’indice « d’un coup monté ». S’il n’est pas un « scélérat », c’est un « aliéné » : la maison de santé s’impose[4].

D’ailleurs, Méline, Billot, Darlan font son jeu, par ordre de l’Empereur allemand[5]. Leur devoir serait d’arrêter Scheurer et ses amis, « pour manœuvres contre la sûreté de l’État[6] ». Il faut exterminer (au sens classique du mot), expulser les Juifs[7].

Depuis quelque temps, la presse avait signalé de

  1. Intransigeant du 3 novembre 1897 ; Journal du 6. — Mme Adam (Juliette Lamber), dans une lettre adressée au Journal, raconte que Scheurer avait eu des conciliabules, au sujet de l’affaire, à Schirmeck (où il n’était jamais allé), avec un secrétaire du prince de Hohenlohe, Bodenheimer (qui était mort depuis plusieurs années).
  2. La souscription (25.000 fr.) fut organisée par Gambetta.
  3. Intransigeant du 3 novembre 1897. — Procès Zola, I, 117, Scheurer : « On m’a traîné dans la boue, on m’a traité de malhonnête homme, de misérable, appelé Allemand et Prussien. »
  4. Éclair et Libre Parole du 31 octobre ; Patrie du 4 et du 12 novembre ; Écho de Paris du 5. — Camille Pelletan écrit dans la Dépêche du 31 octobre : « Est-ce que vous croyez qu’on a le droit de dire : « Cet accusé est innocent, le conseil de guerre a fait une infamie… » et puis de ne rien ajouter. Allons donc !… Je n’ai pas besoin de dire pourquoi je ne crois pas un mot de la prétendue découverte de M. Scheurer-Kestner. »
  5. Intransigeant des 30, 31 octobre, du 5 novembre, du 17 : « Dreyfus est un misérable, Scheurer en est un autre, et Billot un troisième. » — De même, Libre Parole, Croix, Soleil, etc.
  6. Libre Parole du 29 octobre ; Patrie du 4 et du 6 novembre ; Jour du 16, etc.
  7. Libre Parole du 2.