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LA COLLUSION


dossier[1]. Méline l’appuya[2] ; l’intérêt manifeste des ministres est de ne pas connaître du fond de cette affaire. Un soldat français a-t-il été condamné injustement, en violation de la loi ? Ces sortes d’incidents ne sont pas du ressort des hommes d’État.

Dix-neuf cents ans auparavant, ç’avait été, après quelque honorable hésitation, la politique d’un gouverneur de la Judée.

XXI

Esterhazy l’emportait ; Henry ne lui avait pas menti : l’État-Major, le Ministère, le Président de la République, entraînant l’opinion, prennent position contre Scheurer, contre Dreyfus,

Il n’y avait plus pour Esterhazy et Henry qu’à attendre les événements. Ils crurent qu’il fallait profiter de l’occasion pour écraser Picquart. Et ils fabriquèrent deux faux de trop.

À la demande de Boisdeffre, la poste communiquait au bureau des Renseignements (à Gonse et à Henry) les minutes des dépêches qui étaient adressées à Picquart. Deux télégrammes[3], relatifs à des affaires privées, échauffèrent les imaginations : « Il faut qu’Alice renvoie immédiatement les lettres de Berthe… Écrivez

  1. Cass., I, 336, Barthou : « L’attitude générale (qui avait été adoptée au Conseil du 9 novembre) explique que nous n’ayons pris connaissance d’aucun dossier. »
  2. Chambre des députés, 13 décembre 1900, Méline : « J’accepte la responsabilité de la conduite du général Billot et de la direction donnée par lui à l’affaire. »
  3. Du 5 novembre 1897.