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APPENDICE


ensuite[1], que Du Paty lui fit remettre ces deux dépêches, la première par l’un de ses fils, la seconde par sa femme[2] ; qu’à chaque dépêche était jointe une note « de l’écriture ordinaire des communications du colonel[3] », avec l’ordre formel d’expédier les télégrammes à des heures différentes[4] ; que Du Paty, en rédigeant la première dépêche, avait mal orthographié le nom de Picquart, « ce dont il s’aperçut trop tard, dans la journée, en consultant l’Annuaire[5] » ; que ce fut la cause de la seconde dépêche, bien orthographiée et bien adressée ; qu’il obéit, en soldat discipliné, bien qu’il trouvât le procédé fâcheux ; qu’il le dit le lendemain au marquis ; mais que celui-ci répliqua que les scrupules étaient hors de saison et que ce n’était d’ailleurs pas Esterhazy « qui commandait le mouvement[6] ».

D’Henry, pas un mot.

Henry a fait à peu près le même récit à Bertulus ; il rejette tout sur Du Paty[7].

Du Paty déclare qu’il n’a ni écrit ni expédié les dépêches, qu’il les connut seulement quand elles furent saisies[8],

  1. Dép. à Londres, 26 juin 1900.
  2. Dans le texte authentique de sa déposition à Londres (26 février 1900), il dit que les deux dépêches lui furent remises par le fils de Du Paty ; dans l’édition belge, la dépêche Blanche lui a été remise par la marquise.
  3. La formule est vague ; rien ne prouve que « l’écriture ordinaire des communications du colonel » soit l’écriture de Du Paty ou de la marquise.
  4. La dépêche Speranza au bureau de la rue Lafayette, la dépêche Blanche au bureau de la Bourse. — Esterhazy et Marguerite Pays firent le même récit à Christian (Cass., II, 230).
  5. C’est le récit fait par Esterhazy à Christian (Enq. Bertulus, 18 juillet 1898, Christian). — Il n’est pas douteux : 1° qu’Esterhazy a fait ce récit à Christian ; 2° que Du Paty connaissait l’orthographe du nom de Picquart. Dès lors, les choses ne se sont pas passées comme le raconte Esterhazy, la faute d’orthographe a été intentionnelle, etc.
  6. Dép. à Londres, Édit. de Bruxelles, 31.
  7. Le 18 juillet 1898, à l’instruction Bertulus (Cass., I, 226, Bertulus). — De même, Roget (Cass., I, 102).
  8. Enq. Bertulus, 20 février 1898, Du Paty : « Il proteste énergiquement, déclare qu’il n’est pour rien dans le télégramme Blanche (le seul qu’il est accusé d’avoir libellé ou inspiré), mais reconnaît qu’il a connu Mlle de Comminges ». (Cass., II, 268.) De même, à Rennes (III, 505).