Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/128

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Et peut-être ne faut-il pas décrier le penchant qu’a le genre humain, d’abandonner à ceux qu’il croit amis de Dieu le soin de régler sa conscience et de déterminer son esprit. Considéré seulement sous le rapport de l’utilité sociale et présente, ce penchant est utile et conforme à l’ordre. C’est l’assujettissement aux esprits irréligieux qui seul est funeste et proprement dépravateur.

N’eût-elle aucun avantage pour la science et l’instruction, la foi en aurait un immense pour la moralité universelle, en maintenant les esprits inférieurs dans les sentiments de docilité et de subordination, qui sont en eux une vertu, un devoir, un moyen de repos pour leur vie, une condition indispensable à leur bonheur et à la sorte de mérite qui les peut honorer.

La vertu n’est pas une chose facile ; pourquoi la religion le serait-elle ?

Il y a une grande différence entre la crédulité et la foi : l’une est un défaut naturel de l’esprit,