Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/159

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toutes les situations, ni tous les jours. L’esprit est quelque chose de mobile dont la direction change par tous les vents qui soufflent constamment.

L’esprit est un feu dont la pensée est la flamme. Comme la flamme, il tend naturellement à s’élever. On travaille à le ravaler, en dirigeant sa pointe en bas.

Tout ce qui joint à la sensibilité la faculté de se mouvoir, ou sur soi, ou autour de soi, avec choix et par une détermination propre, a quelque manière de penser ; mais l’homme seul a des pensées dont il peut former un tissu et une longue contexture.

Je soupçonne que les organes de la pensée sont distribués en plusieurs classes. Par les uns on imagine, par les autres on réfléchit, de manière cependant qu’aucun n’est ému sans émouvoir les autres. Les hommes d’un grand génie sont ceux dont les organes ont une telle force et une telle union, qu’ils sont toujours émus ensemble, dans une exacte proportion.