Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/334

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est permis par la saine logique et ordonné par la saine raison.

Toutes les fois qu’une idée est claire, quelque embarrassante que soit l’objection qui l’attaque, cette objection est fausse ; s’y arrêter est une duperie.

Combattre des objections, ce n’est souvent détruire que des fantômes ; on n’éclaircit rien par là ; seulement on rend muets ceux qui obscurcissent.

La conviction est, pour l’esprit, une espèce de gehenne, dont il se tire par l’aveu. Dupe de sa propre douleur, il y échappe en confessant ce qu’il ne croit pas. L’art de convaincre, dont j’ai vu des gens si fiers, employé sur les hommes simples, n’est pas plus merveilleux que celui de serrer les pouces à un enfant. Avec un habile, ce n’est que l’art du rétiaire entre les gladiateurs. Dans la pratique journalière, quand on en use avec empire, avec orgueil et tout de bon, c’est-à-dire en contraignant les