Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/423

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Quand je vois des jeunes gens tels que ceux de nos jours, je dis que le ciel veut perdre le monde.

Faire de son humeur la règle de ses jugements, et de ses fantaisies le mobile de ses actions, est une affreuse habitude du siècle.

La coutume et l’autorité étant détruites, chacun se fait des habitudes et des manières selon son naturel ; grossières, s’il a le naturel grossier. Déplorables époques que celles où chaque homme pèse tout à son propre poids, et marche, comme dit la bible, à la lumière de sa lampe ! Peu d’idées et beaucoup d’appréhensions ; beaucoup d’émotions et peu de sentiments ; ou, si vous l’aimez mieux, peu d’idées fixes et beaucoup d’idées errantes ; des sentiments très-vifs et point de sentiments constants ; l’incrédulité aux devoirs et la confiance aux nouveautés ;