Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/81

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« disparaît le peu d’hommes qui, formes sous les an-

« demies mœurs françaises, tiennent encore le fil des

« traditions d’une société que la révolution a brisée.

« M. Joubert avait de vastes connaissances. Il a laissé un

" manuscrit à la manière de Platon, et des matériaux

« historiques. On ne vit dans la mémoire du monde que

« par des travaux pour le monde ; mais il y a d’autres

« souvenirs que l’amitié conserve, et elle ne fait ici

« mention des talents littéraires de M. Joubert qu’afin

« d’avoir le droit d’exprimer publiquement ses regrets.

« Chateaubriand. »

Dire le succès de ce recueil, ce ne serait que répéter le grand nom inscrit a sa première page. Sous le charme d’un pareil talisman, le cercle étroit auquel le livre était d’abord destiné ne tarda pas à s’étendre. On se passait de main en main les rares exemplaires d’un tirage peu nombreux ; des lectures et des copies en étaient faites dans les salons ; les journaux francais et étrangers en imprimaient de longs fragments ; enfin un écrivain de qui M. de Chateaubriand a dit : « ce génie merveilleusement doué qui, par une condescendance charmante « et une rare souplesse, s’applique, comme il lui plaît, « au talent des autres, et leur prête ou sait en tirer des « grâces qu’on n’avait point aperçues », M. de SainteBeuve, ému aux accents d’une âme en parenté avec la sienne, publia dans la Revue des Deux Mondes un de ces jugements délicats, véritables révélations pour les esprits habiles a lesTiien écouter. À ces éloges, il est vrai, se mêlaient quelques observations, distribuées avec la mo