Page:Jourde - Souvenirs d’un membre de la Commune.djvu/41

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sentent bien que pour nous la mort serait la délivrance. Mais ils ont le fouet, et ils savent que nous ne voulons pas subir ce supplice. »

C’est pour cela que le doux et sympathique Henri Brissac dresse, les jours d’exécution, la guillotine à l’île Nou !



Nous doublons la pointe Kungu, et nous apercevons à 4 kilomètres le camp de la déportation.

« La presqu’île Ducos, assignée par la loi de 1872 aux déportés dans une enceinte fortifiée, est une bande de terre aride et sablonneuse qui ferme le côté nord de la rade de Nouméa. Le motif qui l’a fait choisir est, paraît-il, sa proximité du chef-lieu et les facilités que présente naturellement, au point de vue de la défense militaire, une petite péninsule reliée à la grande terre par un isthme très étroit. Sa superficie est d’environ mille hectares ; son aspect est triste et désolé. Elle est formée d’une série de petites collines, contrefort de la chaîne centrale de l’île ; la faible couche de terre végétale déposée sur les roches volcaniques qui en constituent la charpente, est couverte d’une herbe jaune, brûlée par le soleil.

« Entre ces collines, des ravins sont profondément creusés par les pluies, et s’élargissent vers la mer