Page:Journal asiatique, série 1, tome 1.djvu/30

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regarde-moi, je suis ton frère ! À ces mots, Khoulah s’élance vers Dhérar pour l’embrasser et s’entretenir avec lui. Ô ma sœur, dit Dhérar avec feu, il vaut mieux aujourd’hui combattre les infidèles, que de perdre le tems en de vains discours. Allons ! que nos chevaux, se précipitant ensemble, nous fassent jour à travers les bataillons des Grecs ; et que nos lances, poussées de front, se teignent de leur sang odieux. Rendons-nous dignes, en soutenant la cause du Très-Haut, des récompenses glorieuses promises par son envoyé.

À peine Dhérar eut-il achevé ces mots, que déjà il voit les Grecs plier de toutes parts, et fuir devant les musulmans victorieux. Les troupes d’Abou-Obeidah arrivaient successivement, se jetaient avec impétuosité sur l’ennemi, et répandaient dans ses rangs la terreur et la confusion. En ce jour, le fer des Musulmans moissonna un grand nombre de Grecs et d’Arabes qui avaient embrassé le christianisme.

Héraclius, trahi par plusieurs de ceux qu’il croyait lui être fidèles, et de plus, effrayé par un songe qui lui avait montré son empire penchant vers sa ruine, avait quitté Antioche, et s’était embarqué, pendant la nuit, avec un petit nombre des siens, pour aller se réfugier dans les murs de Constantinople. Lorsque le feu dévorant de la guerre eut cessé d’exercer ses fureurs, on remit les trésors et les captifs à Abou-Obeidah, qui s’empressa de rendre grâces au Très-Haut de l’heureux succès de ses armes. Mais tout à coup Dhérar, fils d’Al-Azwar, qui venait de laver