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LE LÉOPARD VENGEUR.

Histoire tirée du livre intitulé Sing-chi-heng-yan[1], et traduite du chinois par M. Stanislas-Julien.

Il y avait autrefois un homme nommé Weï, surnommé Te, originaire de Thsiouan-tcheou, dans la province du Fou-kian, et qui depuis son enfance avait toujours suivi son père. Se trouvant ensemble dans la ville de Chao-hing, ils ouvrirent une boutique de changeur. Comme ils étaient pleins de droiture, et ne connaissaient nullement la soif du gain, une foule d’acheteurs fréquentait leur maison, dont le commerce devenait de jour en jour plus riche et plus florissant. Deux ans s’étaient à peine écoulés qu’ils se virent à la tête d’une assez belle fortune. Weï-te, se sentant avancé en âge, chercha une épouse à son fils, et jeta les yeux sur la fille d’un fabriquant de drap nommé Tan, qui était un de ses voisins. Comme la jeune Tan était douée d’une rare beauté, et qu’elle appartenait à une puissante famille, il offrit cent dix taëls pour l’obtenir à titre de seconde femme. D’abord le père rejeta cette proposition ; mais, voyant la prospérité de la famille Weï, que l’activité et l’industrie du père et du fils ne fesaient qu’augmenter, considérant d’ailleurs le plaisir qu’il aurait à demeurer

  1. Basil., Dict. ii, 328-16-2, 808-9, 937.