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Page:Journal asiatique, série 10, tome 19.djvu/395

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COMPTES RENDUS.

ive siècle après J.-C.[1]. Il dérive plus ou moins directement de l’ancien système basé soit sur l’observation directe de la nouvelle lune, soit sur le calcul astronomique de la visibilité, combiné avec l’observation (ou le calcul cyclique) de l’équinoxe vernal, dont on trouve les traces dans la littérature rabbinique. Mais il n’est pas facile de suivre les transformations successives que l’ancien système a dû subir pour revêtir finalement la forme définitive conservée jusqu’à nos jours, et les nombreux traités ex professo consacrés au comput juif moderne, dont ils expliquent en détail tous les rouages, sont sobres de renseignements sur la question historique. Pourtant, cette question est particulièrement intéressante, parce que la formation et le développement de ce système chronologique sont la conséquence des progrès de l’astronomie ancienne. La genèse du comput juif forme ainsi un chapitre notoire dans l’histoire des premières applications de l’astronomie. »

À cet effet, M. Sidersky adopte pour point de départ dudit comput une éclipse de soleil visible dans l’Asie occidentale, soit une conjonction vraie astronomique, constatée matériellement, et non pas seulement fictive. Elle a été observée à Soura sur l’Euphrate, le 2 avril 219 après J.-C., à 10 heures 33 minutes 4. Par computation rétrograde[2], on a fait partir le calendrier juif de « l’ère de la Création », fixée, suivant les Babyloniens, au 7 octobre 3761 avant J.-C., ou, suivant les Palestiniens, au 2 avril 3760 avant J.-C. Cette démonstration nouvelle[3], originale, détermine la date initiale du système, concordant avec les faits historiques contemporains.

Pour justifier sa théorie, l’auteur étudie tour à tour, avec autant de clarté que d’érudition, les points suivants : I, le mécanisme du comput juif moderne ; II, l’origine de l’année lunisolaire des Hébreux ; III, essai de reconstitution du calendrier juif pendant le ier siècle de l’ère chrétienne, d’une haute importance pour préciser le jour de la « Passion » ; IV, origine des éléments constitutifs du comput juif. Chacun de ces chapitres est accompagné de tables qui tiennent compte : I, des « résidus » ou mensuels, ou annuels, ou cycliques, d’une période à l’autre, en raison des variations dans les annuités astronomiques ; II, tableau de concordance entre le calendrier juif et le calendrier de l’Église, depuis l’an 4793 de la période julienne, ou 0 après J.-C, jusqu’à l’an 4793 de ladite période, ou 80 après J.-C. ; III, les éclipses de soleil visibles en

  1. D. Sidersky, p. 7.
  2. Ibid., p. 63.
  3. Version anglaise de l’édition Sachau.