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Page:Journal asiatique, série 10, tome 19.djvu/397

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COMPTES RENDUS.

tianisme naissant, quoique Josèphe y fasse à peine une allusion fugitive. » Et encore le passage qui contient une telle mention est d’une authenticité douteuse pour certains critiques[1].

Notre historien écrivit aussi un autre ouvrage, en deux livres, appelé communément le Contre Appion, mais dont le vrai titre est : De la haute antiquité du peuple juif. Cette œuvre a pour objet de répondre aux attaques d’Appion, savant égyptien, qui, cinquante ans auparavant, avait contesté l’ancienneté de la religion juive, en vue de lui enlever tout crédit et tout prestige aux yeux des Grecs. « Dans son zèle de prouver l’antiquité du peuple juif par le témoignage des auteurs païens eux-mêmes[2], Josèphe reproduit de longs extraits, infiniment curieux, des historiens grecs qui avaient encore eu à leur disposition les annales sacerdotales de l’Égypte, de la Chaldée et de Tyr », comme de nos jours on complète l’histoire ancienne par des textes hiéroglyphiques ou des textes cunéiformes.

Malgré tous ces mérites, l’œuvre n’a pas eu la vogue qu’elle méritait d’obtenir : c’est qu’elle était peu accessible jusqu’ici, ni dans l’original grec qui a bien peu d’admirateurs, ni dans les versions modernes d’une lecture malaisée. Après les traductions informes faites en France au xvie siècle, soit de certains ouvrages séparés, par Guillaume Michel, François Bourgoing. Jean le Frère de Laval, G. Genebrard, soit des œuvres complètes, par Antoine de la Faye, la traduction française par Arnaud d’Andilly, de 1667 à 1679, eut beaucoup de succès, mais elle laisse encore fort à désirer. Il est heureusement survenu en France un helléniste doublé d’un historien, M. Théodore Reinach, qui n’a pas reculé devant la tâche — énorme, même avec le concours de savants collaborateurs — d’éplucher chaque mot du texte[3], de peser chaque expression, pour traduire les œuvres de Josèphe, revisant et annotant sur l’édition critique de Niese et sur celle de Naber (publiées l’une depuis 1887, l’autre depuis 1888).

Il n’est pas étonnant que par le souci de la fidélité et d’une circonspection constante, en dépit de ses nombreuses occupations comme membre du Parlement et comme académicien, le directeur de cette publication l’ait laissée avancer et s’achever avec une sage lenteur. Le tome 1 des Œuvres complètes traduites, comprenant les Antiquités, traduction

  1. Sur un passage des Antiquités, t. VII, chap. iv, § 155, Revue des études juives, XXXVII, 177 ; XXXIX, 161.
  2. Œuvres traduites, ibid., p. iv.
  3. Voir par exemple R. É. J., LVI, 124.