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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/52

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en. Alors Kin-lièn, relevant les manches de sa robe, saisit quelque menu bois et se prit à dire : « Mon beau-frère, vous ne savez pas faire le feu. Je vais m’en charger pour vous... » Wou-song était décontenancé ; il gardait le silence. Kin-lièn s’abandonne à sa passion, qui était ardente comme la flamme. Elle ne voit pas l’embarras de Wou-song ; elle verse encore une tasse, y trempe ses lèvres ; puis, avec ce regard expressif, particulier aux femmes libertines : « Si vous savez aimer, lui dit-elle, vous achèverez ceci. » Wou-song étend la main et prend la tasse, mais c’est pour la renverser par terre et s’écrier : « Ma belle-sœur, vous foulez aux pieds toutes les bienséances. » Puis, il la repousse ; et, la regardant d’un œil sévère, il continue : « Votre beau-frère est un homme qui a des cheveux sur la tête et des dents dans la bouche ; mais il est si grand, si grand qu’il touche à la voûte du ciel. Il n’appartient pas à la race des chiens et des porcs, qui sont dépourvus de raison et ne connaissent ni la justice, ni la pudeur. Ma belle-sœur, gardez-vous d’agir de la sorte. Autrement, quoique mes yeux reconnussent toujours qui vous êtes, mes poings pourraient bien l’oublier. » A ces paroles, Kin-lièn devint rouge jusque dans le blanc des yeux. « Je voulais plaisanter, dit-elle, vous interprétez mal les choses et vous calomniez les intentions. » Elle se leva, prit le plateau et descendit dans la cuisine.

Mais tandis que Wou-song, resté seul, sentait accroître son indignation, Wou-ta frappait à la porte,