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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/51

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mon beau-frère entretient une musicienne dans la rue de l’Est, vis-à-vis l’hôtel du gouverneur. Que faut-il penser de ces propos ?

— « Ma belle-sœur, ne prêtez pas l’oreille aux bavardages du monde. Je ne suis pas un homme de cette espèce.

— « Oh, pure médisance, n’est-ce pas ? mais quand on aime, on ne dit pas tout ce qu’on ressent au fond du cœur.

— « Si vous ne croyez pas à ma sincérité, vous n’avez qu’à interroger mon frère.

— « Lui ! est-ce qu’il sait quelque chose ? S’il se connaissait à ces sortes d’affaires, il ne vendrait pas des gâteaux. Mon beau-frère, buvez encore une tasse. »

Kin-lièn versa successivement trois ou quatre tasses ; mais, comme elle en avait déjà pris plusieurs, les fumées du vin commencèrent à lui troubler les sens. Son agitation était extrême ; alors il lui échappa cent discours hardis, mille propos lascifs. Cependant Wou-song, uniquement attaché à ses devoirs, baissait la tête et demeurait inaccessible au sentiment de la volupté.

Kin-lièn se leva et rapporta bientôt dans un grand vase le vin qu’elle avait fait chauffer ; puis, demandant à son beau-frère s’il n’était pas trop légèrement vêtu pour la température, elle passa les doigts sur ses épaules et sur tout son corps comme pour s’en assurer. La chasteté de Wou-song souffrait beaucoup ; il paraissait triste et ne répondait ri