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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/58

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Après avoir adressé quelques conseils à son frère, Wou-song remplit de nouveau sa tasse ; et, se plaçant vis-à-vis de Kin-lièn, il continua ainsi : « Ma belle-sœur est une personne d’un sens délicat et pur ; on n’a pas besoin de lui faire de longues recommandations. Je compte entièrement sur elle pour soutenir et défendre au besoin son époux ; elle sait d’ailleurs qu’il est animé des plus nobles sentiments. Ma belle-sœur, si vous tenez votre maison comme elle doit l’être, pourquoi mon frère serait-il inquiété ? Vous connaissez cette maxime des anciens : « Quand l’enclos est bien fermé, les chiens n’y pénètrent pas. »

A ces mots, la jeune femme devint rouge jusqu’au fond des oreilles ; elle fixe les yeux sur Wou-ta et s’écrie avec l’accent de la colère : « Ô être stupide, immonde, si comme vous j’appartenais au sexe qui ne porte pas d’aiguilles sur la tête, y aurait-il quelque part un homme assez hardi pour oser m’outrager ? Oh, c’est que je ne suis pas du caractère de ces femmes méticuleuses et semblables à la tortue, qui n’ose sortir de sa coquille. Depuis mon mariage, l’enclos n’est-il pas soigneusement fermé ? Où voyez-vous que les chiens aient pu faire un trou à la haie ? Allez, soyez tranquille ; que l’on vous adresse un mot injurieux, et je jette une tuile à la tête du premier qui s’en avisera. »

Wou-song se prit à sourire. « Que ma belle-sœur défende aussi vaillamment les droits de mon frère, ajouta-t-il, je le souhaite et tout sera pour le mieux. »