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Page:Journal asiatique, série 4, tome 17-18.djvu/57

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et quitta la robe qu’elle portait pour en mettre une autre d’une grande beauté. Alors seulement elle redescendit et saluant son beau-frère : « En vérité, lui dit-elle d’un air souriant, je ne sais ce qui vous amène ici. Que de moments se sont écoulés depuis que je ne vous ai vu et sans que je puisse comprendre la cause d’un pareil éloignement ! Chaque jour je disais à votre frère : « Allez donc à la préfecture ; causez avec le major ; tâchez de le ramener, Mais chaque jour il répondait que cela n’était pas nécessaire. Enfin, je me réjouis de votre retour, mais pourquoi prodiguer de l’argent sans motif ?

— « J’aurais à vous entretenir, répondit Wou-song ; je suis venu tout exprès pour donner quelques avis à mon frère et à ma belle-sœur.

— « Puisqu’il en est ainsi, allons nous asseoir, répliqua Kin-lièn. » Ils montèrent tous trois dans la chambre. Wou-song céda les places d’honneur ; il prit un tabouret et s’assit au milieu de la table, où des mets furent bientôt servis par le soldat qui les avait préparés. Kin-lièn ne songeait qu’à lancer des œillades amoureuses à Wou-song ; Wou-song ne songeait qu’à bien boire. Aussi ne fut-ce qu’après avoir fait remplir cinq fois les tasses que, se tournant vers son frère, il lui adressa ces paroles :

— « Mon frère aîné, salut. Aujourd’hui le gouverneur me confie une mission honorable et je vous annonce que dès demain je me mets en route pour la capitale de l’Est ; mais avant de partir, j’ai voulu causer un instant avec vous... »