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Page:Journal asiatique, série 9, tome 5-6.djvu/48

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JANVIER-FÉVRIER 1895.

dans le chemin. Revenu à Bénarès et se trouvant dans la « rue des Ivoiriers » (Dantakâravithi), l’homme vit quelques-uns de ces industriels occupés à leurs travaux et leur proposa de leur fournir de « l’ivoire vif » (jîvadante). Son offre étant acceptée, il prend une scie, va trouver l’éléphant et lui dit que, réduit à la misère, il a besoin, pour vivre, d’une portion de ses défenses. La bonne bête lui donne satisfaction et s’agenouille pour que cet homme puisse à loisir scier l’extrémité de ses défenses (aggadante). Ayant dissipé le prix de cet ivoire, l’homme retourne à son éléphant et lui demande ce qui lui reste des défenses (avasesadante). Toujours de bonne composition, le vertueux animal se prête à son désir. Une troisième fois, l’homme revient pour avoir les racines des défenses (muladaṭṭhâ). Avec une docilité qui ne se dément pas, l’éléphant lui donne toute facilité et se laisse meurtrir pour que son protégé puisse s’en aller chargé de ces dernières dépouilles. Mais c’en était trop ; la terre, indignée, s’entrouvre, et les flammes de l’Avîci enveloppent le méchant qui tombe dans le gouffre. Ce méchant était naturellement Devadatta ; l’éléphant vertueux était son futur cousin, le Buddha Gautama-Çâkyamuni. Le texte lui donne la qualification de Sîlavâ, ce qui indique la pratique du sîla, la deuxième pâramitâ ; mais il me semble que son action rentre plutôt dans la première pâramitâ, le « don », le sacrifice. Je me borne à signaler maintenant cette difficulté ; elle se représentera plus tard.