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contre les effets. C’est là le défaut de tout ce qui a été jusqu’à présent tente contre l’envahissement des rivières torrentielles. On ne s’est pas donné la peine de monter jusqu’aux lieux où le désordre commence, et l’on a dépensé des millions pour se garder contre les effets d’un mal qu’on pourrait prévenir. M. Surell et M. Blanqui, à l’Académie, ont posé la question comme elle doit l’être ; il appartient à M. de Gasparin, à M. Teste qui a récompensé M. Surell pour son Mémoire, de provoquer l’attention de la Compagnie sur le reboisement des Alpes, cause première de sécurité.

Les salles de l’exposition sont ouvertes. — Une foule immense, avide de merveilles, s’y presse et s’y complaît. — C’est qu’en effet l’exposition, cette année, est digne de l’empressement de tous les amis du progrès. Nous n’énumérerons pas ici tout ce qui, dans les divers arts industriels, est digne de remarque. Un grand fait domine tous les détails : l’outillage, cette base fondamentale de tous les arts, a fait d’immenses progrès. — Ce qui faisait jusqu’ici l’étonnement des Anglais, ce n’était pas l’imperfection de nos appareils, c’était, au contraire, qu’ils fussent déjà passables, lorsqu’on considérait de quels outils nous nous servions. — Ils étaient frappés, en entrant dans nos ateliers, de voir tant de choses, tant de mouvements de précision, abandonnés à la main de l’homme. Cet étonnement doit désormais cesser. — Nous possédons des outils, des instruments de travail, et l’incorrection d’exécution n’a plus d’excuse.

Ce progrès mécanique a eu un autre résultat. Il a donné à nos artistes le goût du vrai et de la simplicité. Ils ont compris que ce qui constitue la beauté en industrie, comme dans toutes les œuvres de la nature, c’est l’accusé, par la forme, de l’utilité ; une machine n’est jamais si belle que lorsque toutes ses pièces indiquent leurs fonctions, lorsqu’elle va droit au but, sans se prêter à d’inutiles ornements.

Le Journal des Économistes a déjà consacré quelques pages à ce grand déploiement de forces industrielles. — Il se dispose, pour le prochain cahier, à entrer dans quelques détails. — Nous nous bornons aujourd’hui à constater un progrès général et saillant.

La compagnie du chemin de fer de Rouen a donné, la semaine dernière, un grand dîner à ses mécaniciens et à ses conducteurs. C’était le jour anniversaire de l’ouverture, et la compagnie voulait témoigner à ces utiles auxiliaires toute sa satisfaction pour un service qui, pendant une première année d’exploitation, au milieu des embarras de toutes sortes, n’a vu aucun accident.

Au reste, les accidents des chemins de fer deviennent de plus en plus rares, et sir Robert Peel annonçait, il y a peu de jours, que sur un mouvement de 24 millions de passagers, transportés à 28 kilomètres, on n’avait eu cette année à déplorer que trois accidents suivis de mort d’homme.

Un tel résultat est assurément bien satisfaisant, et cependant voilà que déjà les compagnies réclament : elles contestent l’exactitude du chiffre, elles prétendent qu’il n’y a eu qu’un seul cas de mort, dans l’exploitation des diverses lignes.

Nous sommes moins heureux ou moins expérimentés encore en France ; mais il faut espérer que l'exemple du chemin de Rouen sera suivi, et que les accidents seront de plus en plus rares.

Une réunion intéressante a été cette semaine présidée par M. le ministre de l’agriculture. C’était la cinquième séance annuelle de la société fondatrice de Mettray. Les lecteurs du Journal des Économistes ont appris à apprécier l’uti-