Page:Journal des économistes, 1874, SER3, T34, A9.djvu/420

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lettre et la présente réponse dans son prochain numéro ; je ferais tirer ces deux lettres à part et les distribuerais à toutes les personnes qui ont reçu mon mémoire. Pour l’avenir, vous pouvez compter qu’après avoir lu votre ouvrage, que je vous prie de nouveau de me faire parvenir, je saisirai toutes les occasions qui s’offriront de le faire connaître. La parfaite courtoisie de votre lettre m’est un gage assuré que, de votre côté, si vous trouvez que le mien intéresse tant soit peu le progrès de la science, vous voudrez bien le signaler à vos élèves et à vos lecteurs, et non-seulement, il va sans dire, en empruntant celles de mes idées qui vous paraîtraient bonnes pour le fond ou pour la forme, mais aussi en critiquant en toute liberté celles qui se trouveraient opposées à votre manière de voir.

Croyez, Cher Monsieur, à mon vif désir de me conduire en tout ceci do la manière la plus propre à m’acquérir votre amitié, et recevez, etc.

Léon Walras.


RÉSULTATS DE L’ÉMANCIPATlON DES SERFS EN RUSSIE. Ce qu’était le régime du servage. -Mesures prises pour l’émancipation. — Effets de l’émancipation sur les propriétaires de serfs et sur l’exploitation agricole. — Son influence sur la condition des paysans. émancipés, sur la commune et “la situation générale de l’agriculture. t I

Il y a maintenant plus de douze ans que la grande et libérale mesure de l’émancipation des serfs, qui sera l’honneur du règne de l’empereur Alexandre II, a été décrétée en Russie. C’est le 19 février (3 mars) 1861 que la Charte d’émancipation säappliquant a 23 millions de serfs des deux sexes appartenant à 403,000 propriétaires a été promulguée, et jamais réforme aussi considérable ne s’est accomplie d’une façon plus paisible. La noblesse russe, animée, en grande majorité du moins, d’un sentiment d’abnégation généreuse, comparable à celui dont la noblesseirançaise avait donné l’exemple au début de la Révolution de 1789, avait pris d’elle-même l’initiative des études préliminaires de la réforme, et plus tard, quand cette réforme est devenue un fait accompli, la masse des propriétaires, en y comprenant même ceux dont elle a diminuéscnsiblement les revenus, l’a acceptée, sinon sans appréhension pour l’avcnir, au moins sans aucune arrière-pensée de retour vers le passé. Les