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JOURNAL ENCYCLOP.

ne s’eſt pas levée toute entière pour, lui répondre d’une manière trop ſatisfaiſante, par la triſte énumération que je viens de faire. Il a paru ſous le nom d’un magiſtrat une lettre qui m’a ſemblé bien niaiſe ; d’autres, l’ont jugée pernicieuſe. Ils ont cru y voir le déſir de ſervir les factions les plus ennemies du bien public, de juſtifier les paſſions les plus iniques & les plus antiſociales, & d’armer tous ceux qui n’ont rien contre tous ceux qui ont quelque choſe. Mais quoique je ne connoiſe point ce magiſtrat, & que je l’entende prôner par des gens que je n’aime point & pour qui je n’ai aucune eſtime, je n’ai rien vu dans ſa conduite ni dans ſon écrit qui m’autoriſe a adopter de pareils ſoupçons. Quoi qu’il en ſoit, cette lettre aſſure en differens endroits & de différentes manières, que la Bourgeoiſie n’eſt plus auffi attachée à la révolution. Si ce fait important eſt vrai, il me ſemble qu’il auroit du inſpirer à ce magiſtrat d’autres reflexions que celles qu’on lit dans ſa lettre. Il auroit dû conſidérer que cette claſſe, qu’il défigne par ce mot de Bourgeoiſie, étant celle qui eſt placée, a diſtance égale, entre les vices de I’opulence & ceux de la miſère, entre les prodigalité du luxe & les extremes beſoins, fait eſſentiellement la maſſe du vrai Peuple, dans tous les lieux & dans tous les temps où l’on donne un ſens aux mots qu’on emploie ; que cette claſſe eſt la plus ſobre la plus ſage, la mieux active, la plus remplie de tout ce qu’une honnête induſtrie enfante de louable & de bon ; que, lorſque cette claſſe entière eſt mécontente, il en faut accuſer quelque vice ſecret dans les loix ou dans le Gouvernement. Des loix qui rétabliſſent l’égaiié parmi les hommes ; des loix qui ouvrent le champ le plus vaſte & le plus libre a toute