Page:Joyau - La Philosophie en France pendant la Révolution, 1893.djvu/206

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s’occupe surtout d’établir, se sont les fêtes morales, et on ne craint pas de les multiplier. Sièyès, au mois de juin 1793, propose qu’il y ait chaque année 9 fêtes de canton, 9 de district, 8 de département et 4 fêtes nationales ; le 1er janvier, fête de la fraternité du genre humain ; le 14 juillet, fête de la révolution française ; le 10 août, abolition de la royauté et établissement de la République ; enfin on fixera la fête du peuple français au jour où la constitution sera proclamée. On compte sur ces fêtes pour faire régner les vertus les plus utiles à l’homme, l’amour de la patrie, la vérité, la justice, le courage, la bonne foi, l’amour paternel, la piété filiale. Robespierre en vante l’efficacité dans son langage sentimental et emphatique : « Tu donneras ton nom sacré à l’une de nos plus belles fêtes, ô toi, fille de la nature, mère du bonheur et de la gloire, toi, seule légitime souveraine du monde, détrônée par le crime, toi à qui le peuple français a rendu ton empire et qui lui donnes en échange une patrie et des mœurs, auguste liberté ! Tu partageras nos sacrifices avec ta compagne immortelle, la douce et sainte égalité. Nous fêterons l’humanité. Tu obtiendras aussi cet hommage, ô toi qui jadis unissais les héros et les sages, toi qui multiplies les forces des amis de la patrie, divine amitié : tu retrouveras chez les Français républicains ta puissance et tes autels[1]. »

Toutes ces fêtes étaient, bien entendu, placées le

  1. Discours prononcé le 7 mai 1794.