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dre par l’intérêt le peuple des villes et des campagnes. Le 17 thermidor, le 13 et le 23 fructidor an VI, les Conseils décrètent de nouvelles mesures pour assurer la célébration du décadi et pour défendre d’en altérer le caractère essentiellement civil (nous dirions aujourd’hui laïque) en y associant les cérémonies d’un culte quelconque. La fréquence même de ces décisions nous montre à quel point elles demeuraient sans effet. Cependant les avis sont partagés sur un point important : les uns veulent qu’on chôme le décadi ; les autres craignent qu’on le déshonore en le fainéantisant, ils veulent au contraire qu’on l’honore en le commercialisant. L’assemblée des citoyens est rendue obligatoire : il ne reste plus qu’à l’occuper. On ordonne que les fêtes soient célébrées avec un appareil simple, mais imposant, dans les ci-devant églises, pour ne pas laisser de place aux prestiges de l’ancien culte ; on y élèvera l’autel de la patrie, on les décorera d’inscriptions, de trophées, d’emblèmes civiques ; les officiers municipaux assisteront aux cérémonies en grand costume. Le Directoire lutte avec l’énergie du désespoir ; des circulaires de Carnot et de François de Neufchâteau insistent sur le rôle considérable de ces fêtes, « pleines de poésie et d’effusion ». Sous le Consulat, presque tous les décadis ont encore leurs fêtes philosophiques : le 30 vendémiaire an IX (oct. 1800) on célèbre une fête aux vertus de Marc Aurèle dans le Temple de la Victoire (ci-devant Saint-Sulpice), le 30 brumaire, à l’héroïsme de Guillaume Tell ; le 20 frimaire, à la Tolérance ; le 30, à l’activité bien-