Harbert avait battu des mains. C’était la première fois qu’il voyait prendre des oiseaux à la ligne, mais le marin, très-modeste, lui affirma qu’il n’en était pas à son coup d’essai, et que, d’ailleurs, il n’avait pas le mérite de l’invention.
« Et en tout cas, ajouta-t-il, dans la situation où nous sommes, il faut nous attendre à en voir bien d’autres ! »
Les tétras furent attachés par les pattes, et Pencroff, heureux de ne point revenir les mains vides et voyant que le jour commençait à baisser, jugea convenable de retourner à sa demeure.
La direction à suivre était tout indiquée par celle de la rivière, dont il ne s’agissait que de redescendre le cours, et, vers six heures, assez fatigués de leur excursion, Harbert et Pencroff rentraient aux Cheminées.
CHAPITRE VII
Gédéon Spilett, immobile, les bras croisés, était alors sur la grève, regardant la mer, dont l’horizon se confondait dans l’est avec un gros nuage noir qui montait rapidement vers le zénith. Le vent était déjà fort, et il fraîchissait avec le déclin du jour. Tout le ciel avait un mauvais aspect, et les premiers symptômes d’un coup de vent se manifestaient visiblement.
Harbert entra dans les Cheminées, et Pencroff se dirigea vers le reporter. Celui-ci, très-absorbé, ne le vit pas venir.
« Nous allons avoir une mauvaise nuit, monsieur Spilett ! dit le marin. De la pluie et du vent à faire la joie des pétrels[1] ! »
Le reporter, se retournant alors, aperçut Pencroff, et ses premières paroles furent celles-ci :
« À quelle distance de la côte la nacelle a-t-elle, selon vous, reçu ce coup de mer qui a emporté notre compagnon ? »
- ↑ Oiseaux de mer qui se plaisent surtout au milieu des tempêtes.