Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/100

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et ces blessures il les sent toutes infligées par des mains de femme :


Ô la femme ! prudent, sage, calme ennemi.
N’exagérant jamais la victoire à demi.
Tuant tous les blessés, pillant tout le butin.

et quand il sut, quand ses premières certitudes en l’idéal féminin furent ruinées, l’amitié d’un enfant intelligent lui fut la consolation, et il l’aima comm.e un fds dont il est lier. Les litanies se déroulent :


Mon fils est brave, il va sur son cheval de guerre
Sans reproche et sans peur par la route du bien,
Un dur chemin d’embûche et de piège où naguère
Encore il fut blessé et vainquit en chrétien.

Son fils est fier, bon, fort, beau. Puis se retrace a lui le souvenir de tristesses communes, puis l’idée du convoi blanc qu’il fut sinistre de suivre ; et après ces idées de deuils anciens, qui ont amené l’idée de tristesse et la mémoire de la mort, par une naturelle réaction le souvenir de la grâce et de la valeur de celui qui est mort, et de là l’idée des minutes heureuses passées ensemble, dans des étés ou des printemps d’une beauté de contes de fées, où la fatigue des marches se fait bienfaisante et soulève les piétons en féeries, et puis après ces temps, les séparations et la mort. Cette mort n’est-elle pas un châtiment ? A-t-on le droit de se faire un fils hors la nature ?… Enfin ! ce qui reste au poète de l’ami regretté, c’est im pastel évocateur et ces quelques sensations égrenées, et le souvenir de