Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/17

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que nous, c’est non seulement leur droit mais leur devoir ; tout de même nous avons compté dans leur évolution.

Donc, je crois, selon l’expression de Stéphane Mallarmé, le vers libre viable ; quoi qu’il arrive désormais, il existe ; il peut régner, il peut être utilisé occasionnellement ; ceci c’est sa fortune, sa chance, son hasard, en tout cas il est. Une gamme est ajoutée à notre poésie.

Je crois aussi qu’il est prématuré d’écrire l’histoire du symbolisme. Aussi n’est-ce point son histoire que je donne aujourd’hui mais des notes pour servir à l’histoire de ses commencements.

Elles seront à l’histoire littéraire de notre époque ce que sont les Mémoires du temps à l’histoire sociale et politique. Je veux bien admettre que l’acteur d’une période ne peut la décrire complètement, que l’impartialité est difficile pour parler de ses émules, de soi et qu’il se peut que lorsqu’on croit l’atteindre on se trompe. C’est possible ; il est possible que l’histoire, même des débuts d’une période ne soit réalisable qu’avec un recul plus grand, et peut-être n’appartient-il pas à ceux qui posèrent les prémisses de tirer la conclusion. En tout cas, on a toujours admis volontiers le rôle de ceux qui sont venus dire : « j’étais là, telle chose m’advint », c’est leur droit, il y a intérêt pour tous à ce qu’ils le disent, et qu’ils disent aussi pourquoi ils ont agi de telle façon. Ce sera l’utilité de ces notes.