Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/296

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Hugo était le Dieu, en tous cas le doyen (Lamartine finissant oublié) des poètes de Paris et du romantisme. Ils furent, les Parnassiens, bien accueillis par les romantiques dont ils étaient la continuation exactement ; ils constituaient le triomphe du romantisme d’Hugo sur celui de Lamartine et celui de Musset. La vie, l’exil, l’œuvre continue d’Hugo en furent les facteurs déterminants, et aussi l’admiration restée intacte de Gautier pour son aîné. Ils ne virent pas assez d’abord toute l’importance de Baudelaire. Le Parnasse cessa d’être une jeune école et choisit comme chefs Leconte de Lisle et Banville, les vrais maîtres par les sujets, la forme et les traditions verbales — alors que Hugo était dans l’apothéose, que Baudelaire était mort après avoir esquissé son œuvre, et Th. Gautier disparu, ayant encore de belles choses à dire. On sait que Victor Hugo désigna pour ainsi dire Leconte de Lisle pour remplir, après lui, un peu de son principat littéraire, mais beaucoup de Parnassiens lui adjoignirent toujours, comme autre consul, Théodore de Banville qui, dans ces temps voisins de la mort de Victor Hugo, avait pris en tant que prosateur un superbe développement. L’Académie admit Leconte de Lisle pour siéger où avait été Hugo mais où se tenaient naguère Autran et encore Laprade, Lamartinien sans envergure. Avec le Parnasse, voisine un prosateur doué, à certains égards, de génie : Villiers de l’Isle-Adam, dont l’œuvre haute, sans quelque inexplicable entichement du passé et des traces de superstition, contiendrait des chefs-d’œuvre.

Dans le premier groupement même du Parnasse où MM. Mendès, Coppée, Dierx, France, des Essarts, de