Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Amour.
Paul Verlaine

Sous ce titre, Amour, Verlaine a groupé nombre de pièces toutes d’un ordre sentimental. Ce sont, ces vers, des moments de douceur, des heures comme tièdes et calmes après de violentes souffrances, des heures comme de renaissance de l’esprit pendant que le corps convalescent s’alanguit ; et ce mot amour ne veut pas dire ici seulement l’élan fatal et physique de l’homme vers la femme, ni le désir âpre et exaspéré d’un thème à suggestions personnelles qui est la forme supérieure de ce désir, c’est pour Verlaine une résignation, une tendresse recueillie pour les paysages sus, les rythmes entendus, la foi qu’il professe, les blancs symboles qu’il préfère, les amitiés dont il a gardé le regret ; cet amour, c’est un état constitué, nécessaire, que dicte l’état des nerfs et que dirigent les souvenirs ; c’est une accueillance toute prête à tout sentiment bienveillant et qui en soi se désaltère.

Chacun sait l’évolution poétique de Verlaine ; comment le fantaisiste ému des Fêtes Galantes est devenu le primitif de Sagesse ; et deux manières principales peuvent se distinguer en lui. L’une qui produisit les