Page:Kahn - Symbolistes et Décadents, 1902.djvu/93

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commentaires et d’explications la sensation franche et si complètement sortie du poème qu’on le rend à peu près incompréhensible.

En matière technique, M. Lemaître reproche surtout à Verlaine, que son oreille à lui, M. Lemaître, n’est pas habituée aux libertés prises avec le vieil alexandrin.

Je crois l’oreille de M. Lemaître destinée à en entendre bien d’autres, je la crois même destinée à accueillir bientôt non seulement les rythmes de Verlaine, mais d’autres rythmes nouveaux. Puis M. Lemaître conclura à la liberté du rythme, quand, plus familiarisé avec le nouveau vers, il en saisira lui-même la musique, sans qu’on ait besoin de la lui expliquer théoriquement. Ses opinions sur l’ancienne poésie qui ressemblait trop à de la belle prose sont très fondées et l’amèneront à découvrir que la poésie est une musique spéciale dont les moyens d’expression, différents de ceux de la musique pure, peuvent être, un à un, intuitivement découverts ; bien des poètes antérieurs, reconnus par M. Lemaître, l’ont pensé, et ils ont chacun apporté à la poésie quelque élément nouveau de musique.

La voie ouverte est illimitée, car les combinaisons des mots et des rythmes sont innombrables comme celles des nombres.