concevant d’une manière tout à fait abstraite. Quand donc la spéculation, d’après ce procédé, ne veut pas se mettre d’accord avec les propositions des mathématiques, on cherche à sauver sa notion artificielle en reprochant à cette science de prendre pour fondement des notions qu’elle n’aurait pas tirées de la véritable nature de l’espace, mais qu’elle aurait imaginées arbitrairement. L’étude mathématique du mouvement, liée à la connaissance de l’espace, fournit plusieurs données de même forme, pour maintenir l’étude métaphysique du temps dans la voie de la vérité. Le célèbre M. Euler, entre autres, en a fourni l’occasion[1]. Mais il semble plus commode de s’en tenir à des abstractions obscures et difficiles à examiner que de s’attacher à une science qui n’a que des vues intelligibles et claires.
La notion des infiniment petits, à laquelle les mathématiques ont si souvent recours, sera donc rejetée sans autre examen comme une fiction, plutôt que de conjecturer que l’on n’en sait pas encore assez pour pouvoir en porter un jugement. La nature elle-même semble pourtant nous donner des preuves assez significatives de la vérité de cette notion ; car s’il y a des forces qui agissent continuellement pendant un certain temps pour produire des mouvements, telles, suivant
- ↑ Histoire de l’Académie royale des sciences et belles-lettres, année 1748.