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n’est possible dans sa propre existence par l’entière possession des déterminations. Le sentiment du déplaisir n’est donc pas un prédicat qui convienne à la divinité. Un homme n’a jamais une passion pour un objet sans éprouver positivement de l’aversion pour le contraire, c’est-à-dire de telle manière que l’attrait de sa volonté est non-seulement l’opposé contradictoire du désir, mais son opposé réel (l’aversion), à savoir la conséquence d’un déplaisir positif. Dans tout désir qui anime un précepteur fidèle pour bien dresser son élève, tout résultat qui n’est pas conforme à son désir lui est positivement opposé et devient une raison de déplaisir. Les rapports des objets à la volonté divine sont d’une tout autre nature. Aucune chose extérieure n’est proprement une source ni de plaisir ni de peine en lui : car il ne dépend d’aucune autre chose, et ce plaisir pur n’habite pas en celui qui est heureux par lui-même, comme si le bien existait hors de lui ; mais le bien existe parce que la représentation éternelle de sa possibilité et le plaisir qui y est attaché sont une raison du désir excité. Si l’on compare avec cet état la représentation concrète de la nature du désir de toute créature, on comprendra que la volonté de l’incréé ne peut presque rien avoir de commun avec elle. Il en est de même des autres déterminations pour celui qui conçoit bien que la différence dans la qualité doit être immense, quand on com-