Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/451

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d'un sentiment plus élevé, est le mieux fait pour le ton sublime : qui peut en effet combattre mon senti­ment? Si je puis faire croire encore que ce sentiment n'est pas en moi purement subjectif, qu'il peut être exigé de chacun, qu'il a donc aussi une valeur objec­tive et qu'il est comme une partie de la connaissance, qu'il n'est par conséquent pas raisonné à peu près comme une simple notion, mais qu'il a presque la valeur d'une intuition (de l'appréhension de l'objet même); j'ai alors le grand avantage sur tous ceux qui sont obligés de se justifier avant de pouvoir se glorifier de la vérité de leurs assertions. Je puis donc parler d'un ton d'autorité, «comme un plaideur qui est dispensé de produire le titre de sa possession (beati possidenies). — Vive donc la philosophie par sentiment! elle nous conduit tout droit au fait! Adieu les arguties par notions, qui ne nous conduisent que par les détours des caractères généraux, et qui, avant même d'avoir une matière qu'elles puissent immédia­tement travailler., demandent des formes déterminées auxquelles cette matière puisse être soumise! Et, tout en admettant que la raison ne peut pas expliquer grand'chose touchant la légitimité de l'acquisition de ces sortes d'aperçus, il y a toujours ce fait de certain : « La philosophie a des mystères qui peuvent être perçus par le sentiment »[1].

  1. Un célèbre professeur de ces mystères s'exprime ainsi : « Tant