Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/459

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au contraire, c'est dans ces principes apriori que la rai­son pratique sent particulièrement une force, qu'elle

    quiescentia) ne dépende absolument point de l'existence des choses qui lui sont extérieures, car il y aurait là limitation {negatio). Or, ici encore je n'ai pas la moindre notion, je ne puis donner aucun exemple d'une volonté dans laquelle le sujet ne fonde pas sa satisfaction sur le succès de ce qu'il veut, et qui par conséquent ne dépende pas de l'existence de l'objet extérieur. La notion d'une volonté du Souverain Etre, comme d'une réalité qui lui est inhérente, comme celle qui pré­cède, est donc ou une notion vide et vaine, ou (ce qui est encore pis) une notion anthropomorphique, qui, si elle passe dans la pratique, comme c'est inévitable, corrompt toute religion, la convertit en ido­lâtrie. — Si maintenant je conçois Yens realissimum comme fonde· mentde toute réalité, alors je dis : Dieu est l'être qui contient le prin­cipe de tout ce qui est dans le monde ; ce qui nous oblige, nous autres hommes, de supposer une intelligence (par exemple de tout ce qu'il y a de finalité dans le monde). 11 est l'être principe de l'existence de tous les êtres cosmiques, non par la nécessité de sa nature (per emanationem), mais suivant un rapport qui nous oblige, nous, hommes, à* recon­naître une volonté libre, pour en comprendre la possibilité. Ici la na­ture du Souverain Etre (sa nature objective) peut nous être entière· ment inaccessible, et tout à fait en dehors de la sphère de toute con­naissance théorique à nous possible, et cependant rester (subjective­ment) une réalité pour ces notions au point de vue pratique (pour la conduite de la vie); réalité à l'égard de laquelle on ne peut établir qu'une simple analogie de l'entendement et de la volonté de Dieu avec les deux facultés dans l'homme et sa raison pratique, quoiqu'au point de vue< théorique il n'y ait aucune analogie. De la loi morale que nous prescrit avec autorité notre propre raison, et non de la théorie de la nature des choses en soi, sort donc la notion de Dieu, que la raison pratique pure nous oblige de nous faire à nous-mêmes. Quand donc l'un des forts qui proclament aujourd'hui par inspi­ration une sagesse qui ne leur donne aucune peine, parce qu'ils pré­tendent attraper cette déesse par la queue de sa robe et s'en être ren­dus maîtres, dit : « qu'il méprise celui qui pense se fabriquer son dieu, » c'est là un des traits de la caste au ton élevé (comme particu­lièrement favorisée). Il est clair en effet qu'une notion qui doit pro­céder de notre raison, doit être notre œuvre. Mais si nous voulions la tirer de quelque phénomène (d'un objet de l'expérience),le fondement de notre connaissance serait empirique, et sans valeur pour personne, par conséquent inutile à la certitude pratique apodittique, qui doit avoir une loi universellement obligatoire. Bien plus, nous devrions