Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/63

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le cœur de l’homme se porte non-seulement sur les objets, mais encore sur leurs représentations variées qui peuvent se fixer dans l’esprit. Il nous est d’autant plus difficile de ne pas croire que l’application de notre volonté est exempte de toute loi, affranchie de toute détermination fixe, que nous nous sentons les auteurs de représentations qui renfermeraient les motifs de notre choix dans un cas donné, de telle sorte que nous pouvons très-bien appliquer notre attention à ces motifs, l’en détourner, l’appliquer à autre chose ; d’où la conscience encore, non-seulement de tendre vers les objets, suivant nos goûts, mais aussi de pouvoir changer à volonté les raisons objectives elles-mêmes. Mais en nous attachant à bien comprendre que si, dans un cas donné, telle tendance de l’attention à combiner les représentations l’emporte sur telle autre, c’est par des raisons qui ont leur côté attrayant, comme si également, pour faire au moins preuve de liberté, nous reportons notre attention dans le sens contraire, nous lui donnons l’avantage, nous resterons alors facilement convaincu que l’appétit se dirige ainsi, pas autrement, et qu’il doit y avoir des raisons certainement déterminantes.

Caius. — Me voilà, j’en conviens, avec plus d’une difficulté sur les bras ; mais je suis sûr que tu n’es pas moins embarrassé que moi. Comment crois-tu pouvoir concilier avec la bonté et la sainteté de Dieu la