Page:Kant-Mélanges de Logique (trad. Tissot), 1862.pdf/64

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futurition déterminée des maux dont il est la cause dernière et déterminante ?

Titius. — Ne perdons pas inutilement notre temps dans de vaines disputes ; les hésitations qui te tiennent en suspens, j’en ferai prompte justice, et je vais dissiper tes doutes. La certitude de tous les événements physiques ou moraux étant déterminée, ce qui suit se trouve contenu dans ce qui précède, ce qui précède dans ce qui remonte plus avant, et ainsi toujours par un enchaînement ininterrompu dans des raisons de plus en plus reculées, jusqu’à ce que le commencement du monde, qui réclame immédiatement Dieu pour auteur, apparaisse comme la source et l’origine d’où toutes choses découlent comme par un canal incliné, en vertu d’une nécessité infaillible.

Partant de là, tu penses que Dieu est très-clairement désigné comme l’auteur du mal ; à ton avis, il ne peut haïr son propre ouvrage, ni rien de ce qui s’accomplit sur son prototype pendant la durée indéfinie des siècles ; il semble ne devoir punir aucune des fautes que sa sainteté a permis d’entrer dans la composition du monde, car la faute retombe en définitive sur Dieu, cause première de tous les maux. Voilà tes doutes. Essayons d’en dissiper les ténèbres. Dieu, en mettant la main aux commencements de l’universalité des choses, a commencé une série. Cette série renferme dans la contexture étroite et fixe de l’enchaînement des