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raisons, les maux de l’ordre moral même, et les maux physiques qui en sont la suite. Mais il ne suit pas de là qu’on puisse accuser Dieu d’être l’auteur de nos mauvaises actions morales.

Si, comme cela a lieu pour les machines, les êtres intelligents se portaient d’une manière toute passive aux choses qui tendent à des déterminations et à des changements fixes, je ne trouverais pas mauvais que la faute de toute chose fût, en fin de compte, rejetée sur Dieu, l’architecte de la machine. Mais des actions qui se font par la volonté d’êtres intelligents, et doués de la faculté de se déterminer comme il leur convient, proviennent, sans aucun doute, d’un principe interne, de désirs dont on a conscience et d’un choix dans un sens ou dans l’autre, selon le bon plaisir de la volonté.

Ainsi, quoique une créature intelligente puisse être si fort engagée dans l’établissement raisonné des choses avant l’émission d’actes libres, et si étroitement prise dans ce tissu de circonstances qu’elle ne puisse douter qu’elle commettra des fautes morales, qu’elle puisse le prévoir, toujours est-il que cette futurition est déterminée par des raisons dans lesquelles la direction volontaire de ces actes vers le mal est l’affaire essentielle, et que les fautes commises avec le plus d’entraînement ne sont pas moins imputables aux pécheurs ; ils n’en sont pas moins les auteurs, et c’est parfaite justice qu’ils portent la peine d’un plaisir défendu.