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INTRODUCTION.


III.


DE LA DIVISION DE LA MÉTAPHYSIQUE DES MŒURS[Note de l’auteur 1].

Toute législation (qu’elle prescrive des actions intérieures ou extérieures, et, dans ce dernier cas, qu’elle les prescrive à priori au nom de la seule raison ou au nom de la volonté d’autrui) contient deux éléments : 1o une loi, qui présente objectivement comme nécessaire l’action qui doit être faite, c’est-à-dire qui en fasse un devoir ; 2o un mobile[1], qui joigne subjectivement à l’idée de la loi un principe capable de déterminer la volonté à faire cette action : ce second élément revient à ceci, que la loi fasse du devoir un mobile. Le premier présente l’action comme un devoir, ce qui est une connaissance purement théorétique de la détermination possible de la volonté, c’est-à-dire de règles pratiques ; le second joint dans le sujet à l’obligation d’agir ainsi un principe capable de déterminer la volonté en général. Toute législation peut donc différer d’une autre au point de vue des mobiles (quoiqu’elle puisse bien s’accorder

  1. Triebfeder.

  1. La déduction de la division d’un système, c’est-à-dire la preuve de son intégrité, comme aussi de sa continuité, ou de cette qualité qui fait qu’on passe sans saut (divisio per saltum) du concept divisé aux membres de la division dans toute la série des subdivisions, est une des conditions les plus difficiles à remplir pour celui qui construit un système. Aussi y a-t-il quelque difficulté à trouver quel est, dans la division du juste et de l’injuste (aut fas aut nefas), le concept fondamental divisé. C’est l’acte du libre arbitre en général. Ainsi les professeurs d’ontologie commencent par l’être [Etwas] et le non-être [Nichts], sans s’apercevoir que cela représente déjà les membres d’une division à laquelle manque encore le concept divisé, qui ne peut être autre que celui d’un objet en général.