Page:Kant - Anthropologie.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
DE L'INTELLIGENCE


de telle façon que la plupart des songes renferment des situations difficiles, des circonstances périlleuses ; ces représentations excitent plus les facultés de l’âme que si tout se passait selon nos désirs et nos volontés. On rêve souvent qu’on ne peut pas se tenir sur ses pieds, ou qu’où s’égare, ou qu’on reste court dans une harangue ; que dans une grande réunion on se trouve par oubli la tête couverte d’un bonnet de nuit au lieu d’une perruque, ou qu’on peut s’élever çà et là dans les airs à volonté ; ou bien l’on s’éveille au milieu d’un éclat de rire sans qu’on sache pourquoi. — On ne sait pas bien encore d’où vient qu’en rêve nous sommes souvent transportés dans un temps passé déjà fort loin de nous, que nous conversons avec des personnes depuis longtemps défuntes, que nous nous demandons même si c’est un rêve, et que nous nous trouvons dans la nécessité de prendre cette imagination pour une réalité. Mais on peut bien tenir pour certain qu’il n’y a pas de sommeil sans rêve, et que celui qui ne croit pas avoir rêvé a tout simplement oublié son rêve.


§ XXXVII.


De la faculté de signifier
(Facultas signatrix).


La faculté de connaître une chose présente comme moyen d’unir la représentation du prévu à celle du passé, est la faculté de signifier. — L’acte par lequel l’esprit opère cette liaison est la signification (significa-