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ANALYTIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE.

apparence, peut être prise aussi pour une finalité objective de la nature, considérée, dans son ensemble, comme on système dont l’homme est un membre, dès qu’une fois le jugement téléologique que nous en portons, grâce aux fins que nous y découvrent et que nous fournissent les êtres organisés, nous a autorisés à nous élever à l’idée d’un grand système des fins de la nature. Nous pouvons regarder comme une faveur[1] de la nature de ne s’être pas bornée à l’utile, mais d’avoir répandu la beauté et les attraits avec tant de profusion, et l’aimer à cause de cela, de même que nous la considérons avec respect pour son immensité, et nous sentons ennoblis par cette considération, précisément comme si la nature avait établi et orné dans ce but son magnifique théâtre.

Nous ne voulons pas dire autre chose dans ce paragraphe sinon que, dès que nous avons découvert dans la nature une puissance de former des productions que nous ne pouvons concevoir qu’au moyen du concept des causes finales, nous allons plus loin, et nous rattachons encore à un système

  1. Il a été dit dans la partie esthétique que nous regardions la beauté dans la nature avec faveur, en attachant à sa forme une satisfaction tout-à-fait libre. En effet, dans ce simple jugement du goût, nous ne considérons pas pour quelle fin existent ces beautés de la nature, si c’est pour exciter en nous un plaisir ou s’il n’y a entre elles et nous aucune relation de ce genre. Mais dans un jugement téléologique nous considérons ces sortes de relations ; et nous pouvons regarder comme une faveur de la nature de s’être montrée favorable à la culture de notre esprit, en exposant devant nous tant de belles formes.