Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
CRITIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE

comme l’observation ne nous montre pas véritablement l’intentionalité dans les fins de la nature, mais que seulement, dans notre réflexion sur ses productions, nous ajoutons ce concept par la pensée comme un fil conducteur du Jugement, elles ne nous sont pas données par l’objet. Il nous est tout aussi impossible de prouver a priori la valeur objective de ce concept. Il ne reste donc absolument qu’une proposition qui repose sur des conditions subjectives, c’est-à-dire sur les conditions du Jugement conformant sa réflexion à nos facultés de connaître. Dire qu’il y a un Dieu, ce serait attribuer à cette proposition une valeur objectivement dogmatique ; mais la seule chose qui nous soit permise, à nous autres hommes, c’est de dire tout simplement qu’il nous est impossible de concevoir et de comprendre la finalité, qui doit elle-même servir de principe à notre connaissance de la possibilité intérieure de beaucoup de choses de la nature, qu’en nous la représentant, ainsi que le monde en général, comme une production d’une cause intelligente (d’un Dieu).

Or, si cette proposition, fondée sur une maxime absolument nécessaire de notre Jugement, est parfaitement satisfaisante pour l’usage spéculatif et pratique de notre raison, à un point de vue humain, je voudrais bien savoir ce que nous perdons à ne pouvoir pas démontrer sa validité pour des êtres