Page:Kant - Critique du jugement, trad. Barni, tome second.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
75
DIALECTIQUE DU JUGEMENT TÉLÉOLOGIQUE

d’après la nature de nos facultés de connaître, par conséquent dans l’union de l’expérience avec les principes supérieurs de la raison, nous ne pouvons nous faire aucune idée de la possibilité de ce monde qu’en concevant une cause suprême agissant avec intention. Objectivement, nous ne pouvons donc pas démontrer cette proposition, qu’il y a un être suprême intelligent ; nous ne pouvons que l’appliquer subjectivement à l’usage de notre Jugement dans sa réflexion sur les fins de la nature, que nous ne pouvons concevoir à l’aide d’un autre principe que celui d’une causalité intentionnelle d’une cause suprême.

Que si nous voulions démontrer cette proposition dogmatiquement, par des raisons téléologiques, nous tomberions dans d’inextricables difficultés. Elle servirait alors de principe à cette conclusion que les êtres organisés dans le monde ne sont possibles que par une cause intentionnelle, et nous devrions inévitablement affirmer que, comme nous ne pouvons considérer ces choses dans leur liaison causale et reconnaître les lois auxquelles elles sont soumises qu’au moyen de l’idée de fin, nous avons aussi le droit de supposer que cela est également nécessaire pour tout être pensant et connaissant ; et que, par conséquent, c’est une condition inhérente à l’objet et non pas seulement au sujet. Or c’est là une assertion que nous sommes incapables de soutenir. Car,