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INTRODUCTION

À LA DOCTRINE DE LA VERTU.




Le mot éthique signifiait autrefois la doctrine des mœurs (philosophia moralis) en général, qu’on appelait aussi la doctrine des devoirs. Plus tard on trouva convenable de n’appliquer ce mot qu’à une partie de la philosophie morale, je veux dire à celle qui traite des devoirs qui ne tombent pas sous des lois extérieures (à celle que désigne si justement l’expression allemande Tugendlehre[1]) ; de sorte qu’aujourd’hui le système de la doctrine générale des devoirs se divise en doctrine du droit (jurisprudentia), laquelle est susceptible d’être traduite en lois extérieures, et doctrine de la vertu (ethica), laquelle échappe à toute législation de ce genre ; et l’on peut s’en tenir là.


I.


EXPLICATION DU CONCEPT D’UNE DOCTRINE DE LA VERTU.


Le concept du devoir emporte déjà par lui-même celui d’une contrainte[2] exercée par la loi sur le libre arbitre. Or cette contrainte peut être extérieure ou



  1. Doctrine de la vertu.
  2. Nöthigung (Zwang).