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INTRODUCTION.


d’agir pour l’homme ; mais plus, dans l’observation d’un devoir large, il rapproche du devoir strict (du droit), sa maxime (son intention), plus sa conduite est vertueuse.

Les devoirs imparfaits ne sont donc que des devoirs de vertu. L’accomplissement de ces devoirs est le mérite[1] (meritum), qui =  +  a ; la transgression de ces mêmes devoirs, à moins que le sujet ne se fasse un principe de s’y soustraire, n’est pas encore le démérite[2] (demeritum), qui = − a, mais seulement le défaut de valeur morale, qui = 0. La force de résolution, dans le premier cas, mérite seule proprement le nom de vertu (virtus) ; la faiblesse, dans le second, n’est pas tant un vice (vitium) qu’un défaut de vertu[3], un manque de force morale (defectus moralis)[4]. Toute action contraire au devoir s’appelle transgression[5] (peccatum) ; mais une transgression réfléchie et devenue un principe est proprement ce que l’on nomme vice[6] (vitium).

Quoique la conformité des actions au droit (qui fait un homme juste aux yeux de la loi[7]) ne soit pas quelque chose de méritoire, cependant la conformité des maximes de ces actions, considérées comme des devoirs, au droit, c’est-à-dire le respect du droit, est


  1. Verdienst.
  2. Laster.
  3. Untugend.
  4. Kant ajoute ici sur les mots Tugend (vertu) et Untugend (qui signifie littéralement non-vertu) une parenthèse qu’il m’est impossible de traduire, parce que le mot vertu (virtus) n’a pas en français la même étymologie que le mot Tugend en allemand. « Comme le mot Tugend, dit-il, vient de taugen (valoir, avoir de la valeur), le mot Untugend, d’après l’étymologie, ne signifie autre chose que zu nichts taugen (n’avoir point de valeur). » J. B.
  5. Uebertretung
  6. Laster.
  7. Ein rechtlicher Mensch zu seyn