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DE L’ÉDUCATION PHYSIQUE.


uniquement sur le sens commun, elle doit être pratiquée dès le début, même dans l’éducation physique, sans quoi plus d’un défaut s’enracinerait si bien qu’il rendrait ensuite inutiles tous les efforts et tout l’art de l’éducation. Quant à l’habileté et à la prudence, il faut suivre en tout les années. Se montrer dans l’enfance habile, prudent, patient, sans malice, comme un homme, cela ne vaut guère mieux que de conserver dans l’âge mûr la sensibilité d’un enfant.


A.
de l’éducation physique.

Quoique celui qui entreprend une éducation à titre de gouverneur[1] ne prenne pas assez tôt la direction des enfants pour pouvoir donner aussi ses soins à leur éducation physique, il lui est cependant utile de savoir tout ce qu’il est nécessaire de faire en matière d’éducation depuis le commencement jusqu’à la fin. Lors même qu’un gouverneur n’a affaire qu’à de grands enfants, il peut arriver qu’il voie naître de nouveaux enfants dans la famille, et, s’il a mérité par sa bonne conduite d’être le confident des parents, ils ne manquent pas de le consulter sur l’éducation physique de leurs enfants ; il est souvent d’ailleurs le seul savant de la maison. Le gouverneur a donc besoin aussi de connaissances sur ce sujet.

L’éducation physique ne consiste proprement que dans les soins donnés soit par les parents, soit par les nourrices, soit par les gardiennes. La nourriture que la nature a destinée à l’enfant est le lait de sa mère. C’est un préjugé de croire que l’enfant suce en quelque sorte ses sentiments avec le lait maternel, quoiqu’on entende souvent dire : Tu as sucé cela avec le lait de ta mère. Mais il est très-important pour la mère et pour l’enfant qu’elle nourrisse elle-même. Toutefois il faut admettre ici des exceptions, dans certains cas extrêmes,

  1. Hofmeister.