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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/388

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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE


ce défaut de solidité, dis-je, est si frappant que l’on ne peut se tenir à cette preuve, qui d’ailleurs semble déjà être abandonnée par les métaphysiciens comme insoutenable.

La conclusion de la seconde preuve est plus spécieuse en ce qu’elle essaie d’étendre la connaissance non par de simples notions a priori, mais par expérience, quoique par expérience en général seulement : il existe quelque chose. Et comme toute existence doit être ou nécessaire ou contingente, et que l’existence contingente suppose toujours une cause qui ne peut avoir sa pleine raison que dans un être non contingent, par conséquent dans un être nécessaire, il existe donc quelque être de cette dernière espèce.

Or comme nous ne pouvons connaître la nécessité de l’existence d’une chose, comme en général toute nécessité, qu’à la condition d’en dériver l’existence de i » notions a priori, et que la notion de quelque chose d’existant est celle d’une chose universellement déterj minée, la notion d’un être nécessaire est celle qui contient en même temps l’universelle détermination de cette chose. Or nous n’avons qu’une seule notion de ce genre, celle de l’être souverainement réel (allerrealesten). Donc l’être nécessaire est celui qui contient toute réalité, que ce soit comme principe ou comme ensemble.

C’est un progrès de la métaphysique par la porte de derrière. Elle veut démontrer a priori, et cependant elle met en principe une donnée empirique, qu’elle emploie comme Archimède son point fixe en dehors