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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/412

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PROGRÈS DE LA MÉTAPHYSIQUE



PREMIÈRE SECTION.


Du problème général de la raison qui se soumet elle-même à une Critique.


Ce problème se trouve compris dans la question : Comment des jugements synthétiques a priori sont-ils possibles.

Des jugements sont analytiques quand leur prédicat ne représente clairement {explicite) que ce qui était pensé, quoique obscurément {implicite) dans la notion du sujet. Si l’on voulait appeler identiques ces sortes de jugements, on n’arriverait qu’à la confusion, car des jugements identiques ne contribuent en rien à la lucidité de la notion, ce qui doit cependant être le but de tout jugement, et s’appellent en conséquence vides ; tel est, par exemple, le jugement : Tout corps est un être corporel (ou avec un autre mot, matériel). Des jugements analytiques se fondent, il est vrai, sur l’identité, et peuvent y être ramenés, mais ils ne sont pas identiques, car ils ont besoin d’une analyse, et servent ainsi à expliquer la notion, lorsqu’au contraire par les identiques on explique idem per idem ; ce qui veut dire qu’on n’explique pas du tout.

Des jugements synthétiques sont ceux qui par leur prédicat dépassent la notion du sujet, puisque le prédicat renferme quelque chose qui n’est pas pensé du tout dans la notion du sujet : par exemple, tous les corps sont pesants. Il ne s’agit point ici de savoir si le prédicat est ou n’est pas toujours lié & la notion du