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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/413

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DEPUIS LEIBNIZ ET WOLF.


sujet, mais on dit seulement qu’il n’est pas pensé dans cette notion, quoiqu’il doive nécessairement lui convenir. Ainsi la proposition : Toute figure à trois côtés est triangulaire (figura trilatera est triangula), est une proposition synthétique. Car bien que, en concevant trois lignes droites comme renfermant un espace, il soit impossible qu’il n’y ait pas en même temps trois angles, je ne pense cependant pas du tout dans t 1 la notion de trois côtés l’inclinaison de ces trois côtés entr’eux ; c’est-à-dire que la notion d’angle n’y est réellement pas conçue.

Tous les jugements analytiques sont des jugements a priori, et sont en conséquence d’une valeur universelle et d’une nécessité absolue, parce qu’ils se fondent entièrement sur le principe de contradiction. Mais des jugements synthétiques peuvent aussi être des jugements d’expérience, qui nous apprennent, il est vrai, comment sont faites certaines choses, mais jamais qu’elles doivent être nécessairement ainsi, qu’elles ne peuvent pas être autrement, par exemple, tous les corps sont pesants ; alors leur universalité n’est en effet que comparative : Tous les corps, tous ceux que nous connaissons, sont pesants. Nous, poumons appeler empirique cette universalité, pour la distinguer de l’universalité rationnelle qui est stricte, comme connue a priori. Si donc il y avait des propositions synthétiques a priori, elles ne reposeraient pas sur le principe de contradiction, et, en ce qui les regarde, la question ci-dessus : Comment les propositions synthétiques a priori sont-elles possibles, n’aurait