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Page:Kant - Prolégomènes à toute métaphysique future, trad. Tissot, 1865.djvu/68

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PROLÉGOMÈNES A LA MÉTAPHYSIQUE


une pure apparence, quand nous en avons au contraire établi la validité incontestable par rapport à tous les objets du monde sensible, par cela même que ces objets sont de simples phénomènes.

En deuxième lieu, il s’en faut d’autant plus que mes principes, parce qu’ils composent les phénomènes de représentations sensibles, qu’ils convertissent la vérité expérimentale en simple apparence, qu’ils sont bien plutôt l’unique moyen d’éviter l’apparence transcendante, qui a jusqu’ici fait illusion à la métaphysique, laquelle a été ainsi conduite à des efforts puérils, pour attraper des bulles de savon, parce qu’on prenait des phénomènes, qui sont cependant de simples représentations, pour des choses en soi. De là toutes ces antinomies de la raison que je mentionnerai plus tard, et qui s’évanouissent à cette seule observation : qu’un phénomène, tant qu’il est employé dans l’expérience, produit la vérité, mais que du moment qu’il en franchit les bornes et devient transcendant, il ne produit qu’une pure apparence.

Laissant aux choses que nous nous représentons par les sens leur réalité, et restreignant notre intuition sensible de ces choses à ce qu’en aucune partie, pas même dans les intuitions pures d’espace et de temps, elles ne nous représentent rien de plus que le simple phénomène, mais nullement leur qualité en elle-mêmes, je n’imagine par là aucune apparence perpétuelle de la nature, et ma protestation contre toute pensée d’idéalisme est si claire, si peu équivoque, qu’elle serait même superflue, s’il n’y avait pas des