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Page:Kaondinoketc - Récit de François Kaondinoketc, chef des Nipissingues (tribu de race algonquine), 1848.djvu/5

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RÉCIT

DE FRANÇOIS KAONDINOKETC

chef des Nipissingues (tribu de race Algonquine)
écrit par lui-même en 1848


traduit en français et accompagné de notes par M. N. O.

Pejik[1] inini abita 8enitigoji abita gaie anicinabe, songa aiamiagoban. Aia8agoban tcipaiatikonsan gaie k8enatc aja8eck aiagoban. Inenindamogoban ako : nind aian ac8i8in ni tcitcagoc inakak gaie nind aian ac8i8in ni ia8ing inakak. Mi dac eji madjâtc 8asa endanakinitc anicinabè eiamiasinigò Amikinini8ak[2] enindjik ; mi endaje ij a8i piponicite. Ningat atamak a8esinsi8aian, inenindamogoban, ninga sakihigok

Un homme à moitié français et à moitié homme (par excellence, c’est-à-dire sauvage) était très-pieux. Il avait une petite croix et un beau sabre. Il pensait ainsi : J’ai une armure pour mon âme et une armure pour mon corps. Muni de la sorte, voilà qu’il part pour le lointain pays des sauvages non-priants les Castors qui s’appellent. C’est là qu’il va hiverner. Je leur achèterai des fourrures, pensait-il, je serai aimé d’eux,
  1. Pejik s’emploie quelquefois comme ici dans le sens du latin quidam, quœdam, quoddam : Pejik inini, vir quidam.

    Il y a une foule de composés, par exemple : Pejikonjan, « enfant unique » ; pejikonje, « elle n’a qu’un enfant » ; ni pejikokam, « je suis seul dans mon canot » ; ni pejikokan, « je suis seul pour faire une chose » ; ni pejikoton, « je n’en ai qu’un » (v. g. mokoman, « un couteau » ).

  2. Dans l’état actuel de la langue, inini, pluriel inini8ak, se prend pour vir, mas, homme par opposition à femme, et jamais dans le sens générique de homo, à moins qu’il n’entre, comme ici, dans la composition : Amik-inini, « homme-du-castor. » Et encore doit-on l’entendre uniquement du pluriel : Amik-inini8ak, « les Castors » (hommes et femmes).