Page:Kipling - Au hasard de la vie, trad. Varlet, 1928.djvu/145

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ses faces. Tout en mâchonnant méditativement le tuyau de sa pipe, il prononça :

— Va-t’en, retour glorieux,
Aux royales demeures de Clusium ;
À ces temples sacrés sont suspendus
Les sacrés boucliers de Rome.

Tu feras mieux d’y aller. Tu ne vas tout de même pas te flanquer une balle… du moins tant qu’il reste une chance de boire un coup. Learoyd et moi nous resterons au logis pour garder la boutique… dans le cas où il surviendrait quelque chose. Mais toi tu vas sortir avec un fusil en tuyau de gaz et attraper des petits paons ou autre chose. Tu peux obtenir une permission de la journée : c’est facile comme bonjour. Va donc chercher le fusil et rapporte-nous des paons ou autre chose.

— Jock ! fit Mulvaney, s’adressant à Learoyd.

Celui-ci, qui dormait à moitié dans l’ombre de la berge, se leva lentement et dit :

— Sûr, Mulvaney, vas-y.

Et Mulvaney y alla ; mais il maudit ses alliés avec une verbosité irlandaise et un esprit de caserne.

Ayant obtenu sa permission, il réapparut vêtu de ses plus mauvais effets, avec à la main la seule canardière du régiment.

— Prenez note, dit-il, prenez note, Jock, et toi aussi, Ortheris, que je m’en vais de mon propre gré… rien que pour vous faire plaisir. Je crains qu’il n’arrive du vilain de chasser subrepticement les